Mille baisers... ou presque
Je voulais t'envoyer mille baisers
Du plus naïf au moins sage
Tu en aurais fait bon usage
Du plus timide au plus osé
Je voulais t'envoyer mille baisers
Artifice numéral pour poème de feu.
Mais je te dois un aveu
Je ne peux pas biaiser
Avec cette comptabilité
J'ai maintes fois recompté
Nié l'évidence jusqu'à post-scriptum
Il en manque un pour le quorum.
Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf baisers
Pour combler l'absence du millième
Faudra-t-il que l'antépénultième
Sur tes lèvres vienne à nouveau se poser ?
Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf baisers
Sur mille faut-il seulement s'attacher au dernier ?
Quelle erreur comptable ! Quelle billevesée !
Il en va des baisers comme du vin et des deniers
Sur le trébuchet
Chacun pèse son poids d'amour
Et c'est du même chai
Qu'ils ont vu le jour.
Je t'envoie trois baisers
Le premier a la tendresse du passé
Le goût de l'enfance idéalisée
Il m'a souvent manqué.
Le deuxième baiser
Aussi sucré que grisant
Se nourrit du présent
De ta bouche apprivoisée.
Le troisième est un prélude
Il embrasse le futur
Aucun de tes désirs il n'élude
Pour embraser cette lecture.
Un énèime baiser pour cueillir
Les mots du bord de tes lèvres
Ceux que tu n'oses pas dire
Lorsque de ta voix tu me sèvres.
Encore un baiser...