Nymphéa
Tel un botaniste hagiographe
Je raconte la vie des fleurs
D’un ton ampoulé d’opéra
Voici sur un air bateleur
Le récit du beau nymphéa
Sans la prétention du lotus
Se dressant hautain hors de l’eau
Il habille lacs et rivières
Qui par empreintes de pinceau
Se pommèlent de palets verts
Ô si le promeneur s’esclaffe
À la vue de cette naïade
Qu’il reste pour toujours muet
Ou qu’il nous écrive une aubade
Sur la grâce de son bouquet
Si j’ose briser le motus
C’est en pensant aux cœurs blafards
Pour briller d’une joie stellaire
Citez son nom vernaculaire
Que fleurisse le nénufar
Vous doutez de son orthographe
Car il se joue de la lumière
Avec p h sans e sans fard
Il guidera votre regard
Comme les bateaux sur la mer
Partagerez-vous mon modus
Par une visite nocturne
J’aime voir les rayons de lune
Curieux de son éclat diurne
Attiser sa robe bleu-prune
Que dire en guise de paraphe
Bordant les chemins de halage
Confident du pas des amants
Discret sur leur marivaudage
Son œil sourit au firmament