Vent fort, ventre vide

Une abeille, au soleil levant,

S’apprête tôt pour butiner.

Mais par un jour de très grand vent

Qui maîtrise sa destinée ? 

Si l’effluve du cerisier

Guide l’avette à son délice,

Comment remplir son gosier

Quand se dérobe le calice ? 

 

Au vent, la corolle est joueuse,

Elle court, elle se cache, elle esquive.

L’étamine se fait danseuse,

Elle valse, elle swingue, elle vous lessive.

mascot-2519767_1280.png Comment conduire un pas de deux

Si l’on  ignore le tempo ?

N’y a-t-il rien de plus hideux

Que d’unir salsa et tango ?

 

La bise, fausse camarade

Soufflant sur un ton ricaneur,

Lâche prise et vous laisse en rade

Seul à bord de votre planeur.

Notre aviatrice est affaiblie,

Dans son cockpit la faim tiraille.

Le tangage se fait roulis

Et la table champ de bataille.

 

La bourrasque est imprévisible

Et le danger vient de partout,

Face à l’ennemi invisible,

Le dard est un bien faible atout.

La pauvresse, les armes bas,

Ne peut en croire  ses ocelles,

A l’issue de ce vain combat,

Nul nectar dans l’escarcelle.

 

Alors, pour sauver les abeilles,

Semez et choyez mille fleurs,

Et pour servir ces merveilles,

Liez ces mets à un tuteur.

Magnanimes, taisons ici

Les jurons dédiés à Eole,

Rions de cette facétie,

Bel exercice de haut vol.