L'habit ne fait pas la belle

À la belle saison,

La nature s’habille.

C’est par la feuillaison

Que l’arbre s’estampille,

Qu’il nous donne son nom,

Celui de sa famille.

 

Heureux le botaniste

Qui en dresse la liste.

Tout autre est mon herbier,

Les belles en imagier,

Je nomme l’inconnue

Au choix de sa tenue.

 

Car sorties des maisons

Comme de leur coquille,

Éclatant les bourgeons

Comme cœur se fendille,

Drapées de leur prénom

Pointent les jolies filles.

 

Un bustier de dentelle

Sous des épaules nues,

Une blancheur de flanelle

La porte vers les nues.

Guidée par les mésanges,

Anna parmi les anges.

 

Talons hauts, jupe droite,

Sous sa chemise étroite,

Elle guette la remarque.

Seins tendus comme un arc,

Du haut de ses échasses,

Diane part à la chasse.

 

Un chapeau caramel.

De fraises et de citrons

Sa robe se pommèle.

Cette femme bonbon

Me laisse un nom Vanille

Et mon jeûne vacille.

 

Sublimant ses rondeurs

En un large sourire,

Son short court vous tire

Un très beau doigt d’honneur.

Libre et sans apparat

La fugueuse Lola !

 

Au pas lourd des rangers,

Elle marche sur nos mœurs.

Par le noir et les clous,

Elle fend vos tabous.

Pour cette Séverine,

Je cède à la badine.

 

Au printemps, le matin

Fait le regard mutin.

Et ce que l’on devine

Fait naître une bluette,

Derrière la coquette

Se cache une coquine.

 

J’ai nommé l’inconnue

Mais que tait l’ingénue ?

Je la veux libertine

Sous sa sage toilette,

Derrière une Colette

Se cache une Claudine.

 

Même sortie de terre,

La fleur a ses mystères.

Ô la douce Églantine 

Et cruelle amourette !

Derrière la fleurette

Se cachent les épines.