La mer est une menteuse
À l’aube, au matin clair
Elle a fui la maison
Le regard sur la mer
Elle n’a plus de raison
Elle prie et elle espère
D’une eau bleu horizon
La douceur et le calme de cette immensité
C’est toujours au matin qu’elle pense à l’être aimé
Et qu’elle voit au loin son destin encalminé
Au soleil méridien
La mer est de mille feux
Déjà elle se souvient
Du sel, de l’âpreté
Du cruel désaveu
De cette eau chamarrée
À ce jeu de miroirs elle n’a rien à gagner
Que peut voir son regard perdu dans ce drapé
Elle nourrit de mirages son humeur diaprée
La mer se gargarise
Du soleil fatigué
Si les embruns la grisent
Son âme reste à gué
Et forte elle ironise
De sa peur endiguée
Bien droite dans son cœur et l’âme créancière
Elle porte à son crédit ce que doit la geôlière
Que l’on solde les comptes et libère l’être cher
Demain elle reviendra
Questionner la voleuse
Il faut lever le drap
La mer est une menteuse
Elle vous ouvre les bras
D’une bouche mangeuse
Que peut-on réclamer à cette carnassière
Ses visées sont sans fond comme sa gibecière
La mer a l’innocence des belles meurtrières