Le fou des mots
De dire ce qu’il croit
Il en prête serment
Mais à son désarroi
Le poète nous ment
De l’amour, beau menteur
Il n’est qu’un parvenu
Car les mots sont à nu
Quand ils viennent du cœur
S’il habille sa prose
De rimes empêchées
C’est pour mieux nous cacher
Son âme à l’eau de rose
Ses quatrains en musique
Jouent d’une belle ardeur
Mais sa voix syllabique
Chante avec pudeur
Dressant un chapiteau,
Sous les feux de la rampe,
Maniant l’art de l’estampe,
Il fait son numéro
Cette belle impression
Séduira l’amoureuse
Mais ce flot d’émotions
Est une ode trompeuse
Condamné à écrire
Dans sa geôle en papier
Le poète ne peut dire
Qu’un amour maquillé
Jonglant avec ses maux
Il est le triste clown
Amoureux de ses mots
Qaïs devient Majnoun